Le consentement, la clé pour des relations saines

Quel que soit notre âge, notre genre ou notre culture, nous devrions tous avoir vu ‘Tea Consent’ au moins une fois dans notre vie.

L’importance du consentement explicite

Cette vidéo mériterait d’être intégrée dans le programme d’enseignement de toutes les écoles, privées comme publiques.

Elle pourrait même être diffusée dans les transports publics, les gares et les aéroports.

Pourquoi? Parce qu’en 2 minutes 50, elle explique de manière limpide que le consentement est l’action de consentir, soit de donner son accord explicite à quelqu’un ou à quelque chose. Par définition, il ne peut donc être ni passif, ni tacite. Le consentement, c’est le résultat de l’action de consentir.

Or, il me semble que la notion de consentement est l’une des clés majeures des relations interpersonnelles saines, que celles-ci soient privées ou professionnelles.

En effet, pour changer notre mode de fonctionnement millénaire, pour passer du contrôle, du pouvoir et de la soumission à la coopération, il est nécessaire de s’assurer de la pleine participation de son interlocuteur par son consentement explicite.

Pas seulement « une fois pour toutes », mais à chaque fois.

Le consentement n’est jamais acquis.

Jamais.

Il est à valider et revalider tous les jours, tout le temps, avec tout le monde – et avec soi aussi – pour tout.

Encore et encore.

Le consentement garantit respect et liberté pour chaque interlocuteur en présence.

Mon parcours personnel avec ses moments de grandes difficultés m’a poussée à m’intéresser sérieusement à cette question et à comment la mettre concrètement en application.

Le consentement dans les relations privées et professionnelles

Alors que nous vivons actuellement des « mesures exceptionnelles » qui bouleversent toutes nos habitudes, peut-être est-il particulièrement intéressant de nous pencher ensemble sur la manière d’améliorer notre communication interpersonnelle grâce à cette notion, que nous communiquions en face-à-face ou à distance.

Pour ce faire, je vous propose d’évoquer quelques situations de la vie de tous les jours comme point de départ.

Le tutoiement | Respecter le consentement mutuel

La culture liée à langue française est ainsi faite que nous vouvoyons les personnes que nous ne connaissons pas. La bienséance veut que nous choisissions de nous tutoyer sur la base d’un consentement mutuel.

Mutuel, ça veut dire des deux côtés.

Tutoyer quelqu’un de but en blanc sans lui demander ni son avis, ni son accord, est donc un abus de pouvoir. Entrons-nous les uns chez les autres sans frapper à la porte ni attendre qu’on nous ouvre? Pas que je sache. Alors pourquoi forcer le tutoiement qui vise précisément à établir une relation plus intime que le vouvoiement? Drôle de base pour plus d’intimité, non?

Dans les derniers mois, j’ai été surprise par le nombre de gens qui m’ont immédiatement tutoyée dans un contexte professionnel: prospects, clients, confrères et consœurs, etc. En particulier une professionnelle de l’accompagnement à qui je faisais appel en tant que cliente. Le fait qu’elle m’ait tutoyée d’entrée de jeu était certainement très naturel pour elle. Cependant, pour moi, débuter une relation d’accompagnement par un comportement abusif relève de la faute professionnelle. Si elle avait simplement demandé « Est-ce que ça vous va si on se tutoie? », cela aurait tout changé.

Le droit à l’image | Demander le consentement

Il n’y a pas longtemps, j’ai organisé un événement privé dans un lieu prêté pour l’occasion. Lors de mon speech de bienvenue, je n’ai pas pensé à adresser la question des films ou des photos de manière proactive.

J’ai alors « vu sans voir » que quelqu’un semblait filmer. J’étais tellement concentrée sur la gestion de l’événement que ce n’est que le lendemain matin que j’ai vraiment réalisé. Trop tard. Avec la plus jolie des intentions, des photos avaient été publiées avec mention du lieu qui ne souhaitait pas que ce soit le cas.

L’échange que cela a engendré, bien qu’inconfortable, a surtout été très précieux: « J’ai vu que tu as vu que je prenais des photos et comme tu n’as rien dit, pour moi c’était OK ». Comme je comprends! Combien de fois ai-je moi-même déduit la même chose? Combien de fois vais-je certainement le refaire? Cependant, voici un parfait cas d’école: ne rien dire est différent de donner son accord. Et les deux sont à ne pas confondre.

A l’heure où nous vivons avec notre téléphone portable vissé au corps, saviez-vous que nous n’avons légalement pas le droit d’enregistrer (audio), de filmer ou de prendre en photo quelqu’un sans lui demander son accord explicite?

De tout ceci, j’ai retiré plusieurs apprentissages:

  • Lorsque je suis prise dans le feu de l’action en tant qu’organisatrice ou co-organisatrice, je risque fort d’oublier de demander à chacun-e son accord au cas où quelqu’un aimerait enregistrer, filmer ou prendre des photos. Spécialement si je ne prends pas de photos moi-même. Je vais donc tâcher d’ajouter systématiquement ce point à ma « to do list » de préparation d’événement.
  • Lorsque le coche a été raté, il reste souvent possible de faire les choses dans les règles de l’art après coup. Et que ça vaut encore absolument la peine de le faire à ce moment-là.
  • Tout le monde n’a pas la même clarté quant à ces notions de « droits de la personnalité » (cf. article 28 du Code Civil). Aussi, qu’il ne s’agit ni d’une question de point de vue personnel, ni d’être sympa ou pas sympa: il s’agit de droits qui nous concernent tous, sans exception. Donc prendre le temps d’amener de la clarté et poser le bon cadre ensemble me semble aussi utile que nécessaire.


Les conseils | Partager avec consentement et considération

Donner un avis, un conseil ou un feedback à quelqu’un est potentiellement très précieux, pour autant que celui-ci soit proposé et non pas imposé.

Il s’agit donc de prendre quelques précautions. Commençons par poser la question: « Puis-je vous donner un conseil? » ou « Puis-je partager mon avis avec vous? ».

Conformément à la notion de consentement, votre interlocuteur a l’option de répondre oui ou non. Si votre interlocuteur décline votre proposition, je vous invite à faire preuve d’auto-empathie (littéralement vous donner de l’empathie à vous-même, comme vous le feriez s’il s’agissait de votre meilleur-e ami-e). En effet, il n’est jamais agréable d’être confronté avec une réponse qui pourrait ressembler à du rejet. Cependant je vous invite à prendre cette réponse pour ce qu’elle est, dans les faits: une expression de la liberté de votre interlocuteur.

Deuxième question incontournable: « Est-ce le bon moment pour vous »? Et si ce n’est pas le bon moment, pareil, je vous invite à accepter la réponse de votre interlocuteur comme l’expression de sa liberté. Même si c’est frustrant.

Troisième point: si la personne a dit qu’elle était d’accord de recevoir le conseil et que c’est le bon moment pour elle, il reste encore à trouver la bonne manière de le lui communiquer. Énumérer tous les points négatifs, même en pensant bien faire, même en étant sûr de savoir mieux, est rédhibitoire. Construisons d’abord un pont pour relier nos deux rives, par exemple en relevant la somme de travail accomplie ou en disant ce que nous préférons dans ce que l’autre a fait. Proposons ensuite des points d’amélioration, puis partageons-les avec considération dès lors que l’autre aura donné son feu vert. Exemple: « J’ai vu que tu as publié une vidéo sur les réseaux sociaux. Chapeau pour ton travail! Comme j’en regarde beaucoup, j’ai un œil plutôt averti. Est-ce je peux te dire ce que j’ai vu, les points positifs comme certaines choses qui pourraient peut-être être améliorées? J’aimerais beaucoup contribuer à ce qu’elles marchent de mieux en mieux pour toi! ».

Conclusion | Le courage du consentement adulte

Dans les faits, choisir de prendre quelques secondes pour passer par la case consentement ouvre à une liberté illimitée.

Les jeunes enfants font ça le plus naturellement du monde: « Salut, tu veux jouer avec moi? » demande l’un alors qu’il ne connaissait pas l’autre deux secondes plus tôt. Et l’autre de répondre oui ou non selon son envie à ce moment-là. S’ils se revoient le lendemain, le même enfant va peut-être poser la même question à l’autre enfant. Qui va peut-être répondre oui, ce jour-là.

Pour nous, adultes, aussi fou que cela paraisse, demander à l’autre son consentement – ou choisir de donner ou de refuser le nôtre – requiert énormément plus de courage que de rester abrités derrière l’imposition ou la soumission (souvent inconsciente) dont nous avons tous fort bien appris à nous servir pour aborder nos relations interpersonnelles et ce, depuis notre petite enfance. Car c’est ce qui nous a été transmis.

Alors… quoi? Que choisissons-nous? Continuer à faire comme on a toujours fait? Ou prendre notre courage à deux mains pour créer des relations autrement plus épanouissantes, sincères, profondes et joyeuses?


Ce sujet vous parle? Vous aimeriez amener de la clarté dans vos questions sensibles ou délicates? Je vous accompagne volontiers dans cette démarche importante, à distance ou à mon cabinet de Nyon, Suisse.

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Nouvelle écrite en 2004 dans le cadre de mon travail de matu au collège du soir alors que j'avais 25 ans. En 2006, elle remporte le 1er prix du concours littéraire de la ville de Meyrin.

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